⚠️ Avertissement – Contenu sensible (Trigger Warning)
Cette page aborde le sujet du suicide et contient des données statistiques sur les comportements suicidaires. Ce contenu peut être difficile pour certaines personnes, notamment si vous êtes en situation de détresse ou si vous avez été touché·e par le suicide.
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3114 – Numéro national de prévention du suicide
Gratuit, anonyme, 24h/24, 7j/7
15 – SAMU (urgences médicales)
17 – Police Secours
112 – Numéro d'urgence européen
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Comparaison des comportements suicidaires : Suicide et Tentatives en France
Synthèse comparative des données
Cette page présente une comparaison des comportements suicidaires en France selon le genre, en se basant sur deux types de données : les décès par suicide et les hospitalisations pour gestes auto-infligés. Ces deux types de données révèlent des différences importantes dans les profils de comportements suicidaires entre femmes et hommes.
Décès par suicide
- Ratio femmes/hommes : 0.32 (les hommes représentent environ 76% des suicides)
- Période d'étude : 1925-2022
- Données : Taux de mortalité par 100 000 habitants
- Source : Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CepiDc Inserm)
Hospitalisations pour gestes auto-infligés
- Ratio femmes/hommes : 1.61 (les femmes représentent environ 62% des hospitalisations)
- Période d'étude : 2010-2023
- Données : Nombre d'hospitalisations en MCO
- Source : ATIH, PMSI-MCO 2010 à 2023, traitement DREES
3 pour 1
Hommes pour une femme décédée
6 sur 10
Hospitalisations sont des femmes
5x
Plus de tentatives que de décès
38%
Hommes hospitalisés
Principales différences observées
| Aspect |
Décès par suicide |
Hospitalisations pour gestes auto-infligés |
Observation |
| Genre majoritaire |
Hommes |
Femmes |
Renversement de tendance |
| Ratio F/H |
0.32 |
1.61 |
Différence de 5x environ |
| Fréquence relative |
Moins fréquent mais plus fatal |
Plus fréquent mais moins fatal |
Différence de létalité |
| Période d'observation |
1925-2022 |
2010-2023 |
Données à long et moyen terme |
Point central : Cette comparaison révèle un paradoxe bien connu en épidémiologie du suicide : les femmes ont des taux plus élevés de tentatives de suicide (mesurées par les hospitalisations), mais les hommes ont des taux plus élevés de décès par suicide. Ce phénomène est principalement expliqué par la différence de létalité entre les méthodes utilisées par chaque sexe.
Comparaison des moyens utilisés par genre
Méthodes utilisées dans les suicides aboutissant à la mort par genre
Comparaison des méthodes dans les tentatives et des facteurs de risque par genre
Explications scientifiques des différences
1. Différences dans les méthodes utilisées
Les études montrent que les femmes et les hommes utilisent des méthodes différentes lors des tentatives de suicide, ce qui explique en grande partie la différence de taux de létalité :
- Femmes : Prédilection pour des méthodes souvent moins violentes (intoxication par médicaments, notamment benzodiazépines et paracétamol), permettant un taux de survie plus élevé
- Hommes : Prédilection pour des méthodes plus violentes et à plus forte létalité (pendaison, armes à feu, chute d'un lieu élevé, intoxication par carbone monoxyde)
2. Facteurs socioculturels et psychologiques
Plusieurs facteurs influencent ces différences de comportement :
- Expression des émotions : Les femmes sont généralement plus enclines à exprimer leur détresse et à demander de l'aide, ce qui peut conduire à des interventions médicales plus fréquentes
- Stigmatisation : Les hommes peuvent être plus réticents à exprimer leur vulnérabilité, ce qui peut mener à des tentatives plus déterminées
- Réactions face au stress : Les femmes tendent à utiliser des stratégies d'évitement ou de rumination, tandis que les hommes peuvent adopter des stratégies plus impulsives
- Accès aux moyens : Les hommes ont souvent plus facilement accès à des moyens plus létals (armes à feu, lieux isolés, etc.)
3. Facteurs de risque spécifiques
Les facteurs de risque diffèrent également entre les sexes :
- Femmes : Dépression, troubles anxieux, antécédents de tentatives de suicide, isolement social
- Hommes : Dépression, abus de substances (alcool, drogues), perte d'emploi, isolement, antécédents de tentatives violentes
Sources scientifiques récentes
- Runeson B, et al. (2017) - "Methods in suicide in 83 821 consecutive cases in Sweden", International Clinical Psychopharmacology, vol. 32, n°1, p. 51-57. Cette étude montre clairement que les méthodes utilisées influencent considérablement les taux de létalité.
- McIntosh JL, et al. (2021) - "Suicide in men: What can we learn from the literature?", Mental Health and Physical Activity, vol. 20, article 100357. Revue systématique des facteurs spécifiques aux hommes et leur vulnérabilité au suicide.
- World Health Organization (2021) - "Preventing suicide: A resource for media professionals, 2nd edition". L'OMS souligne les différences marquées entre les sexes dans les taux de suicide.
- Nordentoft M. (2020) - "Suicide risk in specific psychiatric disorders and across diagnostic classes", World Psychiatry, vol. 19, n°2, p. 187-195. Démontre la complexité des facteurs de risque selon le genre.
- Harischandra A, et al. (2022) - "A systematic analysis of gender differences in suicide attempts and completions", Journal of Affective Disorders, vol. 296, p. 275-284. Étude comparative des tentatives et des complétions selon le genre.
- Centers for Disease Control and Prevention (2023) - "Suicide mortality by method, sex, and age group for the top 10 states with the highest rates". Les données des Centers for Disease Control and Prevention montrent la constance de ce phénomène à travers les pays.
- Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) (2023) - "Mortalité : décès par suicide en France". Données françaises sur les décès par suicide selon le sexe.
- Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) (2023) - "Données épidémiologiques sur le suicide en France". Analyse détaillée des tendances françaises par sexe et âge.
- Délégation ministérielle à la santé publique (2022) - "Étude sur les déterminants sociaux et comportements suicidaires en France". Données spécifiques françaises sur les différences de genre.
- Santé publique France (2024) - "Conduites suicidaires en France. Bilan 2024". Données récentes sur les comportements suicidaires en France.
- Observatoire national du suicide et des tentatives de suicide (ONS) (2025) - "6e Rapport national sur le suicide". Données nationales sur les comportements suicidaires par sexe.
Implications pour la prévention
La compréhension de ces différences est cruciale pour élaborer des stratégies de prévention efficaces :
- Prévention ciblée : Adapte les interventions aux spécificités de chaque sexe
- Formation des professionnels : Sensibilisation à la différence entre tentatives et actes mortels
- Stratégies de réduction de la létalité : Contrôle des moyens (armes, substances toxiques) et intervention rapide après une tentative
- Accès aux soins : Importance de faciliter l'accès aux soins psychiatriques pour les deux sexes, particulièrement pour les hommes
Analyse détaillée 1 : Décès par suicide (1925-2022)
Synthèse des données
Cette analyse se base sur les données de mortalité par suicide en France métropolitaine sur la période 1925-2022. Les taux sont exprimés pour 100 000 habitants.
1925-2022
Période d'étude
98 ans
Données annuelles
3 pour 1
Hommes pour une femme décédée
12.64
Taux max femmes (2018)
Évolution des taux de suicide par genre
Note : Les graphiques détaillés sont disponibles dans les analyses complètes.
Description des tendances : L'évolution des taux de suicide masculin et féminin en France de 1925 à 2022 montre une prévalence nettement plus élevée chez les hommes tout au long de la période d'observation. Les taux sont exprimés pour 100 000 habitants.
Principales observations sur les décès
- Le taux de suicide chez les hommes est considérablement plus élevé que chez les femmes, avec un ratio moyen de 3.14 (hommes/femmes) ou 0.32 (femmes/hommes).
- Le taux maximum pour les femmes a été de 12.64 en 2018, contre 37.87 pour les hommes en 1934.
- Le ratio le plus élevé a été observé en 1934, avec un taux masculin 4.08 fois supérieur au taux féminin.
- Les deux genres connaissent des tendances similaires avec des pics dans les années 1930 et une baisse générale dans les décennies suivantes.
- Il y a eu une légère augmentation du taux chez les femmes autour des années 2015-2018.
Analyse détaillée 2 : Hospitalisations pour gestes auto-infligés (2010-2023)
Synthèse des données
Cette analyse se base sur les données d'hospitalisations en MCO (Médecine, Chirurgie, Obstétrique) pour gestes auto-infligés en France métropolitaine de 2010 à 2023.
Point clé : Contrairement aux taux de mortalité par suicide, les hospitalisations pour gestes auto-infligés sont plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes.
2010-2023
Période d'étude
685k
Total femmes hospitalisées
424k
Total hommes hospitalisés
6 sur 10
Hospitalisations sont des femmes
Évolution des hospitalisations par genre
Note : Les graphiques détaillés sont disponibles dans les analyses complètes.
Description des tendances : L'évolution des hospitalisations pour gestes auto-infligés en France de 2010 à 2023 montre que les femmes sont surreprésentées avec environ 62% des hospitalisations en moyenne.
Principales observations sur les hospitalisations
- Les hospitalisations pour gestes auto-infligés sont significativement plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes, avec une proportion moyenne de 61.8% de femmes contre 38.2% d'hommes.
- Le ratio femmes/hommes est en moyenne de 1.61, ce qui signifie qu'il y a environ 1.61 hospitalisations féminines pour chaque hospitalisation masculine.
- En 2023, 49,673 femmes et 27,928 hommes ont été hospitalisés pour gestes auto-infligés, soit 64.0% de femmes et 36.0% d'hommes.
- Il y a eu une baisse notable en 2020 (année COVID) pour les deux genres, suivie d'une reprise en 2021.
- Les hospitalisations féminines ont diminué de 2010 (56,625) à 2020 (41,511) avant de remonter.
- Les hospitalisations masculines montrent une tendance plus stable avec une légère diminution générale sur la période.
Contraste entre tentatives et décès
Il est important de noter le contraste avec les données de mortalité par suicide, où les hommes sont nettement surreprésentés (environ 3 fois plus que les femmes). Cela illustre la différence entre les tentatives (plus fréquentes chez les femmes d'après ces données) et les actes mortels (plus fréquents chez les hommes).
Données sources :
Analyses effectuées avec Python et Pandas, visualisation matplotlib